Je m'appelle Keendi, je suis élève à Loreto et fière d'être une fille. Je suis reconnaissante envers ONU Femmes et mon école de m'avoir donné l'opportunité de participer à la célébration de la fille au siège de l'ONU à Nairobi.
Nous avons partagé beaucoup d’idées et noué de nombreux liens durables au cours de nos discussions sur les problèmes cruciaux qui touchent les filles à l’échelle mondiale. Nous avons discuté des barrières socio-économiques, des barrières politiques, des croyances stéréotypées et des normes sociétales fondées sur la tradition, ainsi que du harcèlement et de la discrimination fondés sur le sexe.
Il est très triste de constater que les filles sont rabaissées par leur propre famille et privées de certaines opportunités, comme une éducation de qualité, simplement parce que leurs parents ne les considèrent pas comme suffisamment responsables. Il existe des formes de discrimination sociale, économique et politique qui placent les filles dans des positions très vulnérables. Les opportunités éducatives et professionnelles leur sont rarement accessibles par rapport à leurs homologues masculins, et dans les espaces politiques, les femmes sont méprisées et on spécule sur leur capacité à faire le travail et à le faire bien.
Les formes de violences sexuelles, physiques et verbales, en ligne et hors ligne, affectent la santé mentale des filles et des femmes, les faisant se sentir en danger. Penser que ces actes se déroulent dans des lieux supposés sûrs comme l’école, les centres communautaires et même dans les foyers, est la triste réalité de notre monde, et nous devrions tous avoir honte de nous-mêmes pour avoir laissé cela se produire. En matière de sécurité reproductive et sexuelle, les filles sont exploitées ou privées de la permission de faire leurs propres choix sur ce qu’elles veulent faire de leur corps. Les mutations génitales féminines sont encore pratiquées dans de nombreuses communautés, affectant la santé physique et mentale des filles, leur avenir et leur estime de soi, car elles perdent le contrôle de leur corps à un jeune âge et commencent à se sentir mal dans leur peau.
Les normes et les stéréotypes sociétaux dressent notre société contre les femmes et les filles. Ils découlent souvent de rôles sexistes dépassés, d’attentes sociales et de croyances traditionnelles sur la féminité, telles que :
1. Les filles sont trop émotives/sensibles et émotionnellement fragiles
2. Les filles ne sont pas aussi douées en mathématiques ou en sciences
3. Les filles sont naturellement nourricières et maternelles
4. Les Gils sont passifs ou soumis
5. Les filles ne sont pas de bonnes dirigeantes… ETC.
Ces stéréotypes ont un impact profond sur les filles et diminuent leur estime de soi. Elles peuvent développer un complexe d’infériorité intériorisé et avoir le sentiment de ne pas être à la hauteur dans certains domaines ou secteurs professionnels. Cela diminue également leur confiance en elles et peut les amener à sous-estimer leur valeur et le pouvoir qu’elles détiennent dans la paume de leurs mains. Leurs possibilités de croissance et de réseautage sont limitées.
Le ratio hommes/femmes travaillant dans les domaines STEM révèle un écart surprenant entre les sexes. On dit aux filles dès leur plus jeune âge qu'elles ne pourront pas travailler dans ces domaines et, même pendant leur scolarité, elles sont scrutées lorsqu'elles veulent étudier quoi que ce soit dans le domaine des sciences et des mathématiques, car les gens ont l'impression que ce sont des métiers et des carrières réservés aux hommes et que les filles devraient apprendre à devenir de bonnes mères, en s'engageant dans des activités de soins. Sans parler des effets sur leur santé mentale et leur développement physique et social.
Aujourd'hui, dans les écoles, on constate que les filles participent moins aux activités sportives. Cette tendance est motivée par l'idée que les filles sont plus faibles ou moins athlétiques que les garçons, ce qui les priverait des bienfaits physiques et émotionnels du travail d'équipe, de l'exercice et de la compétition.
Les stéréotypes peuvent conduire les filles à être jugées sévèrement par leurs pairs, surtout si elles ne se conforment pas aux attentes de la société. Les filles qui défient les rôles ou les stéréotypes traditionnels liés au genre, par exemple en n’étant pas assez « féminines » ou en évitant les drames sociaux, peuvent être victimes de harcèlement ou d’exclusion. Cela peut nuire à leur développement social et à leur sentiment d’appartenance. De plus, les stéréotypes négatifs selon lesquels les filles sont manipulatrices peuvent engendrer une méfiance dans les amitiés et les relations, ce qui entraîne une dynamique sociale toxique et un sentiment d’isolement.
Au fil du temps, les filles peuvent intérioriser ces croyances néfastes, ce qui les conduit à se faire une image négative d'elles-mêmes, où elles se croient intrinsèquement inférieures dans des domaines comme le leadership ou l'intelligence. Cette misogynie intériorisée peut limiter leurs ambitions et renforcer les stéréotypes de genre pour les générations futures. Dans l'éducation, ces stéréotypes peuvent se manifester par des préjugés de la part des enseignants ou par un manque d'encouragement dans des matières comme les STEM ou les rôles de leadership, ce qui diminue encore davantage la confiance et l'ambition des filles, ce qui a un impact final sur leurs résultats scolaires et leurs aspirations professionnelles.
Alors que nous célébrons la Journée internationale de la fille, il est essentiel de reconnaître les problèmes urgents auxquels les filles sont confrontées et d’agir. Les filles méritent le droit de vivre sans le fardeau des stéréotypes, de la discrimination et des abus. Elles méritent l’égalité des chances en matière d’éducation, la liberté de prendre des décisions concernant leur corps et la capacité de diriger avec confiance. Il est de notre responsabilité collective de remettre en question ces normes sociétales et de plaider pour un monde où les filles ont les moyens de réaliser pleinement leur potentiel.
Moi, Keendi, fière élève de Loreto, j’appelle tout le monde – gouvernements, éducateurs, communautés et individus – à unir leurs forces pour créer une société inclusive qui élève les filles et leur offre les opportunités qu’elles méritent. Ce faisant, nous pouvons construire un avenir meilleur et plus équitable pour tous. Que la Journée internationale de la fille soit un puissant rappel que chaque fille est capable de grandeur et mérite le respect, le soutien et les opportunités. Le moment est venu d’agir.
Auteur: Keendi M, École du couvent de Loreto au Kenya (MSMUN)
Photos : Les étudiants de Loreto MSMUN participant à l'IDG2024 à l'ONU Nairobi